Seul le cliquetis métallique des cintres, surchargés de vestes,
résonne dans l'atelier. Les visages sont graves, fermés. Tête baissée sur leurs machines à coudre, dans le fouillis des bobines de fils et des morceaux de tissus épars, les ouvriers de Weil-Besançon, numéro trois de la confection masculine en France, répètent leurs gestes quotidiens sans piper mot. L'usine, impasse Larmet, à Besançon, va fermer ses portes. Malgré les gros investissements réalisés en 1993, malgré la mise en place d'un convoyeur suspendu dernier cri, pour aller plus vite (il évite le transport manuel des vêtements à chaque étape de leur réalisation) et malgré la recherche effrenée de contrats de sous-traitance, en plus des propres marques de la maison (Luc Saint-Alban, Carnet de vol, John Stevens, Degré 7).
Le plan social sera exposé jeudi prochain, le 31 août. Les lettres de licenciements devant, en principe, partir le 10 octobre. En décembre, au terme d'un calendrier serré, les cinq étages de Larmet devront être vidés.
D'ici là, bien peu d'ouvriers ont l'espoir de se recaser. Ils ont commencé à travailler à 14 ou 16 ans et n'ont, pour la plupart, pas d'autre qualification que celle apprise sur le tas. La moyenne d'âge est élevée, 42 ans, et beaucoup d'employés sont des femmes. Certaines, au fil des ans, ont même oublié l'orthographe et les chiffres. C'est du moins ce qu'a révélé un rapide bilan professionnel. Dans l'esprit d'une ouvrière, cette situation se résume en une phrase lapidaire: «On est