Consciencieusement, Maggie Thatcher avait démantelé le secteur de
l'énergie. En 1990, elle découpait l'équivalent britannique d'EDF en une quinzaine d'entreprises privatisées. Il s'agissait d'imposer la libre concurrence au coeur d'un secteur fondé, un peu partout dans le monde, sur le «méchant» monopole. La Grande-Bretagne se dotait alors de trois producteurs -National Power, Nuclear Electric, PowerGen- et de douze compagnies générales de distribution.
Cinq ans plus tard, le marché pousse les compagnies nées de cette opération dans un grand mouvement de reconcentration. Depuis juillet, cinq des douze compagnies de distribution d'électricité sont impliquées dans des fusions ou des rachats. Hier, le remembrement a pris un tour nouveau avec l'OPA amicale lancée par PowerGen, producteur, sur Midlands Electricity, distributeur, pour 15 milliards de francs, et le rachat de South Western Electricity (Sweb) par l'américain Southern Co, qui a annoncé détenir 84% de sa proie. Coût de l'OPA: 8,8 milliards de francs.
Un gros producteur plus un grand distributeur en situation de monopole dans le centre de l'Angleterre qui proposent de se regrouper au nom de la logique industrielle, d'une part; un américain s'offrant un service public britannique, d'autre part: voilà un vrai casse-tête pour les héritiers de la Dame de fer. C'est «exactement ce que les conservateurs voulaient éviter lorsqu'ils ont privatisé», souligne Chris Perry, analyste chez Charterhouse. La combinaison entre les deux soc