Bien sûr, il se trouve quelques analystes financiers rabat-joie pour
faire la fine bouche, expliquant qu'ils s'attendaient à mieux, que la situation est contrastée, que le second trimestre a été médiocre. Mais la tendance de fond se confirme: les entreprises françaises vont bien, très bien même. La publication de leurs résultats semestriels est un feu d'artifice. Saint-Gobain: 2,1 milliards (+52,7%); Usinor Sacilor: 2,3 milliards (contre 471 millions); Elf: 2,8 milliards (+134,5%); Renault: 1,8 milliard (+4,6%); Technip: 212,5 millions de francs (+18,6%); Casino: 489 millions (+103,6%); Bic: 310 millions (+12%), etc. Après la crise, voici venu le temps des millions de la croissance retrouvée.
La santé des entreprises n'a jamais été aussi solide: leurs taux d'autofinancement (1) atteint 120%, record inégalé depuis la guerre. Et cet autofinancement ne cesse de se renforcer: de mars 1994 à mars 1995, il est passé de 17,9% à 22% de la valeur ajoutée.
Les entreprises sont en pleine forme, donc, mais il reste une question: que font-elles de leur argent? «Au lieu de grognasser, les chefs d'entreprise feraient mieux d'embaucher», se plaignait la semaine dernière le Premier ministre Alain Juppé, agacé par les critiques du CNPF. Elles pourraient aussi investir, aurait-il pu ajouter. Car, sur ces deux plans, les entreprises restent ultraprudentes.
Sur l'embauche d'abord. C'est vrai, la reprise est «riche en emplois», constatent les économistes: à taux de croissance comparable, la France fa