D'un côté, des pelouses riantes; de l'autre, des portes condamnées
et des pneus qui brûlent. D'un côté, des ateliers ronronnants; de l'autre, une usine désertée. A Amiens (Somme), deux entreprises distantes d'à peine 7 à 8 kilomètres, filiales de groupes américains, vivent une situation inverse pour un même motif: l'aménagement de leur temps de travail. Chez Whirlpool, le fabricant de machines à laver, 90% des salariés et tous les syndicats (FO, CGT, CFDT, CFTC) ont volontiers accepté d'annualiser leurs horaires, à partir du 1er octobre. Contre des embauches. Chez Goodyear, le fabricant de pneus, la direction a voulu faire tourner son usine sept jours sur sept. Contre des embauches également. En réponse, l'immense majorité des 1.500 salariés a dressé des piquets de grève devant les portes, bloquant toute activité depuis dix jours. D'un côté, la «flexibilité» passe; de l'autre, le même mot fait frémir d'horreur. Contraste.
Chez Whirlpool, quartier d'Etouvie, au nord de la capitale picarde, la direction a voulu faire les choses au mieux. «Concilier les besoins économiques de l'entreprise en prenant en compte les aspirations sociales» de son personnel. A la différence de la production traditionnelle des lave-linge, celle, plus récente, des sèche-linge, comporte une saisonnalité. Les mois d'automne sont fébriles. Le printemps ressemble à une morne plaine. Conséquence: l'organisation classique ne répond plus aux besoins. Les stocks et le recours aux intérimaires explosent. Jusqu'à