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Libération

Nick Leeson en instance de départ pour Singapour. La justice allemande a donné son feu vert à l'extradition.

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publié le 5 octobre 1995 à 9h35

Jusqu'à une époque récente, le fouet («wack») était très employé

dans les chics écoles privées du Royaume-Uni. Assené entre trois et six coups sur le postérieur d'un élève récalcitrant, il servait à le ramener dans le droit chemin. Mais Nick Leeson, le courtier britannique qui a ruiné la banque Barings, n'y a sans doute jamais eu droit, ayant passé son enfance dans une banlieue populaire du nord de Londres. Rien n'étant jamais perdu, il a désormais toutes ses chances de goûter, en sus de la prison, à un dérivé du fouet anglais: le coup de canne singapourien, autrement plus douloureux, à base de rotin tressé très finement et trempé dans l'eau avant utilisation.

Hier, la cour d'appel de Francfort a en effet donné son feu vert à l'extradition vers Singapour de Nick Leeson, 28 ans, à l'origine d'une perte supérieure à 6 milliards de francs (autour de 800 millions de livres) sur les marchés d'option et auteur présumé de la chute retentissante de la banque d'affaires britannique. Certes, Leeson n'est pas encore extradé, la décision finale revenant maintenant au gouvernement allemand. L'avocat du trader, Eberhard Kempf, a, quant à lui, une dernière carte à jouer: il va introduire un recours devant la Cour constitutionnelle.

Mais Nick Leeson a clairement perdu la partie, car plus personne, hormis les Singapouriens qu'il fuit comme la peste, ne veut de lui. Surtout pas les Britanniques, qui n'ont pas levé le petit doigt auprès des autorités allemandes pour recueillir la brebis perdue.