L'exercice était périlleux: comment rebaptiser Air Inter sans avoir
l'air d'y toucher? Comment faire de la compagnie intérieure, si jalouse de son indépendance, une entreprise européenne exposée à la concurrence et désormais totalement imbriquée dans Air France? Depuis plusieurs semaines, les rumeurs alimentaient les rumeurs. Les partisans du «Grand Air France» affirmaient que la nouvelle compagnie ne pouvait s'appeler autrement qu'«Air France Europe»; en face, les défenseurs d'Air Inter faisaient valoir tout l'intérêt de conserver l'appellation d'origine et proposaient donc «Air Inter Europe».
Finaude, et tenant compte d'un climat social lourd, la direction du groupe Air France a décidé de ménager la chèvre et le chou. Au 1er janvier 1996, Air France Europe sera bien l'identité juridique de la future compagnie mais sa marque commerciale sera Air Inter Europe. Les avions, les uniformes, les vols et les journaux de bord porteront tous ce dernier label. En 1997, le groupe Air France, qui aura terminé sa restructuration, sera donc divisé en deux entités. La première, dont l'appellation commerciale sera Air Inter Europe, exploitera les vols intérieurs français et les vols européens moyen-courriers. La deuxième, Air France Intercontinental, s'occupera des vols longs courriers.
Tel est le compromis censé ménager le personnel d'Air Inter, qui dispose de deux ans à partir d'aujourd'hui pour se faire à l'idée d'une fusion totale avec les activités européennes de sa maison mère. Car c'es