Le thermomètre médical français balise pour son avenir. «Où en
sera-il dans dix ans? Franchement, je crois qu'il aura encore sa place», se rassure Pierre Elefteriou, directeur général adjoint de Maas, le numéro 1 européen et pratiquement dernier fabricant hexagonal de thermomètres. «On n'est pas près de trouver un instrument aussi précis au même prix.»
Bon an mal an, les Français consomment quelque 4,5 millions de thermomètres traditionnels, dont plus de la moitié, 55% très exactement, sortent de chez Maas, à Ingwiller, dans le Bas-Rhin. Le reste provient d'une entreprise parisienne qui va prochainement arrêter sa fabrication et surtout des importations massives en provenance des pays de l'Est et d'extrême-Orient.
L'objet est né en Thuringe, province orientale de l'Allemagne, probablement au XVIIIe siècle. Le secret industriel est gardé précieusement. Les Français n'en percent le mystère qu'à l'occasion de la Première Guerre mondiale, quand des soldats allemands prisonniers en débutent la fabrication au fort de Vanves. A la faveur de la victoire, la France importe de la main-d'oeuvre de Thuringe. C'est ainsi qu'en 1923, Antoine Maas, directeur de la verrerie de Meisenthal, crée son atelier à l'aide d'ouvriers allemands. Jusqu'à la fin des années 60, la fabrication des thermomètres demeure un artisanat faisant appel à des ouvriers très qualifiés tels que les souffleurs de verre ou des graveurs sur verre. Il existe alors une quarantaine de fabricants à travers la France, qui ne