Ils sont mis en examen pour délit d'initié et complicité d'abus de
biens sociaux. Jeudi, le ciel est tombé sur la tête de ces deux symboles du capitalisme français après deux jours de garde à vue et d'interrogatoires serrés. Ils ne s'y attendaient pas, même s'ils avaient déjà dû se rendre à une audition au printemps dernier.
Nicholas Clive Worms est un monsieur très distingué. Il est l'un des derniers rejetons du capitalisme familial à la française: fermé, discret et très riche. Son aïeul, Hyppolyte, a posé la première pierre de la maison Worms et Cie en 1848. Nicholas Clive Worms dirige un groupe qui vient de gagner au cours des six premiers mois de l'année 415 millions de francs grâce au sucre, au papier, au transport maritime, à l'assurance, et naturellement à la banque. N'aimant ni le bruit ni la fureur, il a réuni pour la première fois des analystes financiers en 1993. Il a 52 ans.
Claude Pierre-Brossolette est un monsieur plutôt distant, dilettante et pessimiste. Il n'a pas de problème d'argent, la famille de sa femme est l'une des plus fortunées de France. Il est l'archétype du haut fonctionnaire qui a tout réussi avant de pantoufler dans le privé, où il n'est pas connu pour son amour de l'argent. Il a 67 ans, et s'était retrouvé orphelin dès l'adolescence, d'une figure de la Résistance française, Pierre Brossolette.
Les deux hommes ne s'apprécient pas du tout, ils se sont quittés en froid en 1992 et l'affaire en cours ne va pas mettre du baume dans leurs relations. Dison