«Signez là.» L'avocat d'affaires pointe son doigt manucuré en bas du
document dactylographié. Grande, un peu gauche, les montures de lunettes remontant en ailes de pigeon sur un visage large, Mireille Lissouba, fille aînée du président congolais Pascal Lissouba, commence à parapher d'un élégant «L» majuscule à l'ancienne, avec une belle boucle, les huit pages du protocole de résiliation d'un emprunt obligataire de 600 millions de dollars, contracté le 11 décembre 1993 par le Congo, auprès du Qwinzy Capital Group de Hong-kong. Une bavure.
On est le 6 février 1994, et les bouquets de fleurs sentent bon dans ce grand hôtel parisien. La République du Congo, «représentée par Son Excellence Madame Mireille Lissouba, ambassadeur itinérant et plénipotentiaire de son Excellence Monsieur le président de la République du Congo», s'engage à payer, dans un délai de trente jours, un million de dollars à Qwinzy pour ce dédit. Avec une belle insouciance, à la page six du protocole de résiliation, Mireille Lissouba, médecin de formation, fait glisser sa plume devant l'article XVI qui stipule que le Congo renonce «à l'immunité de juridiction et à l'immunité d'exécution». En clair, si le Congo ne paye pas, le créancier peut faire saisir tous ses comptes et ses biens à l'étranger. Un an après cette signature, c'est fait: le dédit n'a pas été payé et le tribunal de grande instance de Paris a prononcé la saisie des comptes bancaires du Congo ouverts à la BNP et au CCF.
Le Congo essaye de sortir de l