Rio, de notre correspondant
La saga brésilienne des «barons du cacao» est en train de s'enrichir d'un épisode romanesque qui ne doit rien à la plume flamboyante de Jorge Amado: si l'on en juge par les premiers résultats spectaculaires que lui attribuent deux agronomes du Centre de recherches agro-pastorales de l'Etat de Rio (Pesagro), l'urine de vache va peut-être sauver les cacaoyères du sud de l'Etat de Bahia de l'anéantissement auquel semblait les condamner le «balai de sorcière», un champignon parasite porteur d'une peste jusqu'ici tenue pour incurable. Apparu, en 1986, sur le littoral atlantique, le fléau, endémique en Amazonie, attaque actuellement 70% des plantations bahianaises. Un territoire qui était encore voilà peu la deuxième région productrice de fèves du monde derrière la Côte-d'Ivoire: 655.000 hectares dans les environs d'Ilheus, ex-«reine du Sud» devenue l'épicentre d'un sinistre social qui a déjà jeté sur le carreau quelque 250.000 travailleurs agricoles.
Ricardo Gadelha, l'un des deux chercheurs à l'origine de la surprenante découverte, est un spécialiste des applications thérapeutiques de l'urine de vache en agriculture. Il y a trois ans, il a notamment débarrassé, grâce à elle, les champs d'ananas de Macaé, au nord de Rio, d'une épidémie de furariose (autre maladie des plantes causée par un champignon). Un succès à mettre techniquement au crédit du pirocatecol, le principe actif contenu dans les rejets des herbivores.
«L'urine n'attaque pas directement le b