Deux ans après la «dollarisation» de l'économie cubaine, les
autorités de La Havane viennent de «légaliser» le marché noir des devises étrangères en le prenant à leur compte. Il y a encore une semaine, un dollar valait officiellement un peso cubain dans les banques, alors que, sur le marché pudiquement qualifié d'«informel» par l'Etat, il en valait 25.
L'achat illégal de billets verts, durement réprimé avant 1993, était devenu monnaie courante depuis la légalisation de la détention de devises étrangères au cours de l'été 1993. Pourtant, aux yeux des autorités, tout se passait comme si ce change parallèle n'existait pas, le salaire en pesos cubains n'ayant officiellement jamais été dévalué depuis trente-six ans. Et personne n'osait dénoncer publiquement l'équivalence peso-dollar, pour le moins artificielle, imposée par la banque d'Etat. Début septembre, lors des débats à l'Assemblée nationale, un député avait même dénoncé comme une «infamie» l'utilisation par la presse étrangère du cours 1 dollar = 25 pesos pour évaluer le pouvoir d'achat réel du citoyen cubain.
Depuis une semaine, un dollar vaut donc officiellement 25 pesos. Et, pour la première fois depuis la révolution, les citoyens cubains sont autorisés à acheter à visage découvert des devises étrangères. «Pourquoi laisser aux trafiquants du marché noir le monopole du contrôle des changes?», lâche pragmatiquement un dirigeant du parti. Une dizaine de bureaux de change à l'enseigne de la société bancaire Cadeca SA, ont été o