A la suite de la grande grève de l'automne 1994, la direction de
GEC-Alsthom Belfort avait cédé sur les salaires, et juré qu'elle améliorerait les relations humaines exécrables de son établissement. Promesse de Gascon. Non seulement elle n'a rien fait pour adoucir le climat détestable qui règne dans l'entreprise, mais elle semble avoir opté pour une stratégie beaucoup plus musclée. Une note interne émanant de la direction de la filière EGT (turbines à gaz) fait état «d'une stratégie d'actions de première urgence basée sur une radicalisation de la discipline». Ce document synthèse des travaux d'un séminaire de l'encadrement en juin classe les salariés en huit catégories de comportement: du «ni pour ni contre», individu sous-informé et donc sans avis sur les choses, au «révolté permanent (syndiqué à la CGT)» à craindre en toutes circonstances, en passant par le «bougon jamais satisfait». Il s'agit là d'identifier les acteurs des conflits et autres «fauteurs de troubles» qui participent à la «dégradation de l'ambiance générale». Puis, la direction s'attaque au traitement des «brebis galeuses». Les cadres, qui doivent être des meneurs d'hommes, sont invités à «faire preuve d'un traitement spécial... en élaborant des dossiers solides, en provoquant les agitateurs, en étant agressifs sur les sanctions». A quand le fouet?
Alertés par certains cadres, 400 salariés étaient en grève mardi et les syndicats CGT, CFDT et FO ont décidé de porter l'affaire devant les tribunaux. De son