La visite d'une garnison chinoise par le chancelier Helmut Kohl, qui
a soulevé une importante controverse en Allemagne, répondrait-elle à un calcul économique? Le chancelier allemand, qui effectuait cette semaine sa quatrième visite officielle en Chine depuis son installation au pouvoir en 1982, a défrayé la chronique en visitant la 196e division d'infanterie de la garnison de Tianjin. Helmut Kohl est ainsi devenu le premier haut dirigeant occidental à reprendre contact avec l'armée chinoise, depuis l'écrasement du mouvement démocratique par les chars en juin 1989.
Le geste politique est fort même si le chancelier allemand a demandé qu'aucun exercice militaire ne lui soit présenté et s'est inquiété parallèlement du sort de quinze dissidents emprisonnés. L'Allemagne fait partie des pays signataires des accords de Madrid en juillet 1989 qui avaient banni les ventes d'armes à l'armée chinoise.
«La visite du chancelier n'a rien à voir avec les ventes d'armes, explique un diplomate allemand, le principal objectif est économique.» En payant tribut à l'armée chinoise, les Allemands viseraient de futures coopérations avec l'énorme empire industriel tenu par les militaires. Le calcul n'est pas dénué de fondements.
En 1992, il y avait officiellement 20.000 entreprises rattachées au secteur de la défense dont plus de 5.000 dans les activités tertiaires (contre 50 en 1978). Ces chiffres n'ont cessé d'augmenter avec la libéralisation économique lancée depuis trois ans. L'état-major contrôle