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Libération
Reportage

La coquille Saint-Jacques, pêche bien gardée. Les pêcheurs bretons ont eux-mêmes mis en place une discipline qui préserve les stocks.

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publié le 21 novembre 1995 à 10h04

Saint-Quay-Portrieux, envoyé spécial

A 6 milles des côtes, le Shamrock dérive doucement vers le large tandis que son équipage regarde l'aube se lever sur la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). Nico le matelot déchire soudain le silence d'un tonitruant: «Quelle heure il est?» «7h20, on y va!», lui lance Georges Brezellec, le patron de ce bateau de 11,5 mètres armé pour la coquille Saint-Jacques. En quelques secondes, de puissants projecteurs inondent le pont d'une lumière blanche, les deux dragues sont larguées par 39 mètres de fond et le Volvo diesel crache bruyamment la puissance de ses 200 chevaux.

La mer alentour scintille d'un coup des fanaux d'une soixantaine de coquillards qui se frôlent près des «cailloux» en tractant leurs filets métalliques. Il n'y a pas une minute à perdre. Pour préserver les ressources, la pêche à la Saint-Jacques ­ ouverte de début novembre à mi-avril ­ se déroule pendant une demi-heure seulement les lundis et mercredis, à des horaires fixés par le comité régional des pêches: trois «traits» (mouillage des dragues) de dix minutes sont déchargés en toute hâte au milieu du pont avant. Pendant que les engins raclent le fond, les hommes trient la prise précédente, rejettent à l'eau les coquilles trop petites (moins de 10,2 centimètres de largeur) et entassent les autres dans des caisses de plastique.

A 8h03, la marée est terminée. Les dragues sont arrimées sur les flancs du Shamrock et Georges Brezellec met le cap vers Saint-Quay-Portrieux, satisfait d