Clisson, envoyé spécial
A l'angle de la rue piétonne menant aux halles du XVe siècle et au château fort de deux siècles son aîné, le café du Centre n'est pas débordé. «Ça, des collègues on en voit fermer ou partir sans être remplacés, commente le patron derrière son comptoir. Lutter? Sur les prix, c'est impossible. On devrait ouvrir plus souvent, plus longtemps. Fermer à 19 heures, pour les clients qui travaillent, c'est juste. Et le lundi, tout est fermé, sauf les grandes surfaces... Mais en fait, on n'a que la présence et l'accueil pour faire la différence. Et heureusement, on a nos monuments...» Dehors, la grisaille d'automne est tombée sur Clisson (Loire-Atlantique), cité de 5.500 habitants, charmant décor d'architecture néo-italienne de briques et d'arcades, de ruelles médiévales et de parcs romantiques. Le patron du café lorgne du côté de la mairie et grogne contre les élus: «Faudrait être plus vigilant sur les ouvertures d'enseignes...» La mauvaise humeur est de saison. L'ouverture prochaine, à l'orée du centre-ville, d'un Intermarché alimentaire de 2.800 mètres carrés, augmenté d'une surface dévolue aux vêtements à même enseigne, fait grincer les tiroirs-caisses.
«Ça va Lulu? Je te sers un petit noir...» Comme chaque jour, Lucien Noblet, voisin du café en tant que gérant du supermarché Unico de 700 mètres carrés, vient prendre ici son café. Lucien Noblet est prêt: le dossier juridique destiné à contrer le projet Intermarché est déjà entre les mains d'avocats spécialis