Certains patrons ont trouvé leur paradis en Espagne, niché au coeur
d'une grande banque, le BCH (Banco Central Hispano). Cet établissement, en dehors de toute comptabilité exhaustive, doit détenir l'un des records européens de rémunération de ses administrateurs: 1,65 million de francs par an et par personne en 1994. On savait que les patrons français arrondissaient leurs fins de mois en souscrivant à des actions à taux préférentiel de leurs sociétés. On savait aussi qu'ils se cooptaient dans les conseils d'administration hexagonaux, histoire de se tenir par la barbichette mais aussi et toujours d'arrondir les mêmes fins de mois. Certains présidents français sont d'ailleurs devenus au fil du temps des cumulards. Le plus ancien et maître en la matière est Ambroise Roux (ex-président d'Alcatel-Alsthom), quasiment détrôné par Jean Peyrelevade, président du Crédit Lyonnais, par le nombre de sièges.
Mais on savait moins que certains patrons français avaient trouvé à l'étranger le moyen d'arrondir, de manière très substantielle et tout à fait légale, leurs rémunérations. Heureusement, il y avait le Banco Central Hispano. Cette banque vit depuis longtemps sur un grand pied, ignorant la crise. Et pourtant, comme la plupart des établissements bancaires européens, elle subit un fort recul de son chiffre d'affaires et de son bénéfice. Cela ne l'empêche pas de réunir, au moins depuis 1991, l'un des plus remarquables conseils d'administration d'Europe, en nombre et en rémunération.
Fin 198