Dans toute crise sociale grave, tout se mélange, la forme, la méthode et le fond. La forme: l'annonce unilatérale, du haut de la majesté de l'Etat, avec le jeu voulu de l'effet de surprise sur la majorité, sur le Parlement et sur les partenaires sociaux, syndicaux comme patronaux ou médicaux, ne pouvait que les heurter tous. La méthode: le pouvoir s'est jugé assez fort pour ne pas négocier. Qui plus est, il s'est débrouillé pour ouvrir tous les conflits à la fois sur des points tous sensibles: contrat de plan SNCF, abattement de 20%, retraites des régimes spéciaux, assurance maladie, alourdissement de la fiscalité sur les revenus (CSG plus RDS) rendue intolérable pour les petits revenus par l'absence de baisse des cotisations salariales, sans oublier le gel des salaires publics. La faute la plus grave de M. Juppé, mais non la seule, est d'avoir quasi organisé cette convergence de difficultés et d'avoir refusé la négociation pour en traiter. Le résultat est dans la rue.
La méthode en effet conditionne plus encore que le fond lui-même la possibilité de trouver une issue.
La faute de gestion du calendrier est lourde. On peut être gouvernant et maladroit. En fait, elle traduit de la part de M. Juppé, de ses ministre et de son cabinet une méconnaissance complète du champ social, de son histoire, des sensibilités dominantes qui s'y font jour.
C'est de la procédure de réforme que je veux parler aujourd'hui dans Libération. J'y suis conduit par l'importance majeure de ce sujet et les a