Un brasero dans la nuit marque l'entrée de l'usine d'Everett. Pour
les piquets de grève, c'est l'heure de la distribution du café. Derrière, une grande masse sombre dessine les contours de la ligne d'assemblage d'où sortent les Boeing 747, 767 et 777. A l'intérieur du bâtiment, assez grand pour abriter une vingtaine de 747, l'activité est au point mort: depuis début octobre, une grève des 34 000 mécaniciens chargés de l'assemblage des avions paralyse la production. Pour les clients de Boeing, le conflit commence à avoir de sérieuses conséquences: la livraison d'une quarantaine d'avions serait retardée. Du coup, United Airlines doit momentanément fermer sa ligne Paris-Los Angeles. Northwest maintient en service les «vieux» 727.
«Au départ, des actions comme celle-ci sont presque rituelles. Mais cette année, tout le monde a été surpris que ça ait duré si longtemps. C'est un peu comme si quelque chose s'était cassé dans la mécanique», observe Al Butler, un mécanicien de 56 ans, qui piétine dans le froid. Tous les trois ans, les syndicats renégocient le contrat qui lie leurs adhérents à l'entreprise. A chaque fois la tension monte, mais la grève se généralise rarement. L'accord d'entreprise de Boeing interdit en effet à un syndicat d'appeler les autres catégories de salariés à la grève pour soutenir ses propres revendications.
Cette fois, les mécanos contestent d'abord le plan d'économies d'environ 600 millions de dollars (3 milliards de francs). L'essentiel de l'effort porte sur u