La nomination de Loïk Le Floch Prigent à la présidence de la SNCF a
un air de déjà-vu. Quand la droite a quelques difficultés avec une entreprise, elle nomme un patron classé à gauche et supposé avoir la fibre sociale. Christian Blanc chez Air France. Jean Peyrelevade au Crédit Lyonnais. Pour la SNCF, le gouvernement a sorti deux noms: Louis Gallois, PDG d'Aérospatiale, et Loïk Le Floch Prigent, patron de Gaz de France (GDF). L'un a travaillé avec Jean-Pierre Chevènement, à l'Industrie, puis à la Défense, l'autre a épaulé Pierre Dreyfus, quand il était ministre de l'Industrie chargé des nationalisations. Il doit y avoir un délice particulier à envoyer au front des hommes qui n'appartiennent pas à votre camp.
Et voilà donc revenu ce patron de 52 ans au profil atypique. Diplômé de l'école polytechnique de Grenoble et de l'université du Missouri, il sera grand patron sans passer par la case ENA-Polytechnique. Directeur de cabinet à l'Industrie en 1981, il devient PDG de Rhône-Poulenc en 1982. Seul intermède: en 1986, lorsque Chirac s'installe à Matignon. Ce Breton au profil de capitaine Haddock cède sa place à Jean-René Fourtou. Il remonte sur scène en 1989, la gauche revenue, aux rênes d'Elf Aquitaine. En 1993, le gouvernement Balladur le remplace par Philippe Jaffré, et lui donne GDF en compensation.
A priori, Louis Gallois partait favori pour la SNCF. A la Snecma, il a ramené la paix sociale, chez Aérospatiale il a évité le conflit. L'Elysée lui a préféré Loïk Le Floch Prigen