Depuis qu'il est devenu le président du groupe Bouygues en 1989, Martin Bouygues marche scrupuleusement sur les traces de son père: même entourage, mêmes méthodes de travail, même fierté illimitée de l'entreprise et de ses performances. Et, jusqu'à l'an dernier, cet immense respect de l'héritage paternel a plutôt réussi au successeur de Francis Bouygues. De l'opération agroalimentaire et immobilière sur les Grands Moulins de Paris au développement de TF1 en passant par quelques mégacontrats de construction en France et à l'étranger, Martin Bouygues semblait accomplir un parcours sans faute. Là où tous les plus grands PDG de la place se faisaient épingler dans le cadre d'affaires de financement de partis politiques, le plus jeune des quatre enfants de Francis Bouygues accumulait les succès industriels. Un peu comme si rien ne résistait à celui qui figure parmi les leader mondiaux du BTP. Le groupe n'a-t-il pas emporté coup sur coup deux des marchés publics les plus convoités de ces dernières années: le troisième réseau de radiotéléphone (contre Alcatel et la Lyonnaise des eaux) et le tiers du marché de la construction du Grand Stade de France?
Au siège de Bouygues, personne ne s'en étonnait: «Vous savez bien que nous sommes les meilleurs», ironisait-on avec un rien d'arrogance.
Plus discret pour ne pas dire plus humble que son père, moins charismatique et certainement moins puissant, Martin passait pour le besogneux de la famille Bouygues. Tout juste titulaire d'un baccalau