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Libération

Le Brésil lâche ses idées pour du pétrole. Le Proalcool, symbole de son indépendance énergétique, est mis au rancart.

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publié le 27 décembre 1995 à 10h55

Rio, de notre correspondant

Les statistiques sur les ventes de voitures au Brésil divulguées par l'Anfavea (Association nationale des constructeurs automobiles) sonnent à l'évidence le glas du programme le plus ambitieux de la planète visant à substituer l'essence par un combustible d'origine végétale.

Lancé il y a tout juste vingt ans dans la foulée du premier choc pétrolier, à l'époque où les importations de brut menaçaient le pays d'asphyxie financière, le Proalcool, basé sur un carburant tiré de la canne à sucre, est en passe d'être relégué au musée des glorieux ersatz de l'or noir. Sur les huit premiers mois de l'année, les chaînes de montage brésiliennes n'ont livré que 23.111 voitures fonctionnant à l'alcool, soit à peine 3,6% des véhicules de tourisme fabriqués durant cette période. En 1985, au faîte de sa gloire, le Proalcool régentait pas moins de 96% de la production nationale.

Pour Cledorvino Belini, directeur de Fiat-Brésil, «c'est le marché qui définit ce qui doit être produit». A l'en croire, la firme italienne a réduit en quelques années de 95% à 5% la fabrication de voitures à alcool dans son usine de Betim (Etat du Minas Gerais) «en fonction de la demande».

Mais cette version est contestée par l'Association des industries du sucre de l'Etat de São Paulo (AIAA).

D'après un sondage récemment réalisé à sa demande par l'Institut Gallup auprès d'un millier de propriétaires de voitures à alcool, 23,7% des personnes interrogées resteraient fidèles au Proalcool (en rais