Menu
Libération
Reportage

Postiers en souffrance à Caen. Depuis un mois, ils sont en grève contre la précarité de l'emploi.

Article réservé aux abonnés
publié le 28 décembre 1995 à 10h53

Ils ont joué toute la nuit au tarot. Entre tracts punaisés et sapin

de Noël, la télé toujours allumée, au-dessus de la salle de transbordement où près d'un million d'objets sont en instance. «Les CRS? Ils ne viendront pas. Leur intervention mettrait le feu aux poudres. La direction départementale sait bien que d'autres centres reprendraient aussitôt le conflit.» Une ordonnance du tribunal de grande instance de Caen datant du 22 décembre est certes affichée à l'entrée du centre de tri postal de Caen, où transitent habituellement près de 700.000 objets par jour. Elle ordonne l'expulsion de tous les occupants avec le concours, si besoin est, de la force publique. Mais Jean-Claude Fissoune, délégué CGT, est serein: «Nous attendons de réelles négociations.» A 6 heures du matin, hier, la petite trentaine d'employés de la brigade de nuit passent le relais à celle du matin. Pour entamer ce trentième jour de grève. Une grève revotée le 21 décembre, à bulletins secrets, par 136 des 190 votants sur les 300 employés du centre.

Au départ, dans la nuit du 27 au 28 novembre, la brigade de nuit a voté l'arrêt du travail à 80%, dont 70% avec occupation des locaux. Les cheminots, situés tout près du centre, avaient lancé leur mouvement depuis quelques jours déjà et les postiers ont suivi. «Le phénomène qui a tout déclenché a été le plan Juppé, mais il y avait aussi un ensemble de revendications locales. Contre la précarité de l'emploi. On pensait que ça durerait une semaine», reconnaît Jean-Cl