Caen, envoyée spéciale
Un véhicule doté de grilles anti-émeutes et deux rangées d'une vingtaine de CRS bloquaient tout accès au centre de tri. Il était 1h45, dans la nuit de mercredi à jeudi. La petite dizaine d'employés de la brigade de nuit du centre de tri postal de Caen jouaient aux cartes.
Philippe Jiouaux, employé au centre depuis quinze ans, raclait tout juste son assiette de couscous quand il a entendu un commissaire de police annoncer: «Je les retiens, mais ils sont échauffés. Alors n'insistez pas.» Quelques véhicules qui encombraient la grande salle de transbordement du courrier ont été tractés par un engin de levage et, à 6 heures du matin, une partie des 600.000 objets en rade depuis un mois de grève ont été chargés et sortis.
Depuis, le centre de tri est vide, fermé à clé, et surveillé par une voiture de police. «Le peu de courrier qui traînait dans le centre ne justifiait pas une intervention des forces de l'ordre. L'évacuation par les CRS a été décidée pour rassurer la coordination patronale de la région. C'est un constat d'échec pour la direction qui n'a pas su négocier et la lutte continue», affirme Philippe, délégué Sud-PTT.
Les syndicalistes CGT, Sud-PTT et FO rappellent avec fierté que leur centre de 300 employés, où transitent normalement environ 600.000 objets par jour, a été l'un des premiers à brandir la bannière du refus du plan Juppé. Et le dernier des 131 centres grévistes, sur les 135 répartis sur toute la France, à poursuivre le conflit.
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