Menu
Libération

La Russie réussit à dompter son inflation. En décembre, les prix n'ont augmenté que de 3,2%. Le meilleur chiffre depuis 4 ans.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 janvier 1996 à 0h14

Moscou,

correspondance Dans la queue à la caisse d'un prodoukty, magasin de produits alimentaires, Irina Kolesnikova, 28 ans, est contente: «Les prix augmentent moins vite depuis plusieurs mois. La preuve, je ne me précipite plus pour changer le salaire de mon mari en dollars ou pour l'investir immédiatement dans des marchandises non périssables.» En Russie, l'inflation est à son plus bas niveau depuis le début des réformes il y a quatre ans. En décembre, la hausse des prix mensuelle a atteint 3,2%, selon les chiffres officiels du ministère de l'Economie. Un taux record que le gouvernement présente comme la preuve de l'efficacité de sa politique de rigueur monétaire et le début de la stabilisation de l'économie du pays.

En 1995, les prix ont augmenté de 131%. Cet indicateur serait de bonne augure au regard de l'évolution des quatre dernières années. Pour 1994, le chiffre annuel était de 203% et de 950% en 1993. C'est en janvier 1992 que Egor Gaïdar, Premier ministre, avait projeté l'économie sur la voie du marché. En levant le contrôle des prix, il avait lancé le premier étage de la fusée inflationniste: 2 318%, soit une multiplication des prix par vingt-quatre en un an. Les Russes ont vu leur épargne fondre du jour au lendemain. Et les 8 000 roubles mis de côté pour une voiture Jigouli en 1991 permettent aujourd'hui d'acheter une bouteille de vodka. Dans un pays où la stabilité était la règle, l'envolée des prix et la précarité qui s'ensuit a provoqué un traumatisme profond.