La direction d'Air France Europe, ex-Air Inter, a dénoncé en bloc,
hier, l'accord d'entreprise de 1971 qui régit les conditions d'emploi du personnel navigant technique (pilotes et mécaniciens). Moins d'une semaine après en avoir émis l'hypothèse (voir Libération du 2 février), et alors que certains syndicats persistaient à qualifier l'idée de «bluff», Christian Blanc, PDG du groupe Air France, est donc passé aux actes.
Les négociations pour la révision de ces accords ayant échoué après quatre mois de marathon, la compagnie, qui souhaite coûte que coûte augmenter l'activité des navigants à salaire constant, a envoyé une lettre à chaque pilote, chaque mécanicien et chaque organisation syndicale. Nul doute que les propositions avancées depuis des mois pour gagner 12% de productivité dès 1996, selon la direction, vont revenir. Les partenaires sociaux vont devoir se remettre autour d'une table de discussions pour reparler de l'organisation du travail et de la rémunération des pilotes. Mais toutes les «dispositions relatives à la protection sociale» (maladie, assurance retraite, maternité) contenues dans l'accord de 1971 seront maintenues. Les syndicats ont maintenant trois mois pour répondre, par écrit. Douze autres pour bâtir un nouvel accord.
«Ça nous laisse 15 mois pour réagir» cherchait, hier, à se rassurer Bernard Trilling, président de l'USPNT. Hier, abasourdis par la nouvelle, les syndicats n'avaient pas de mots assez durs pour dénoncer «l'acte de guerre de Christian Blanc»