«Ces gars-là sont des prédateurs. Maintenant, Bruxelles leur a donné
le droit de venir pêcher chez nous... Ça va mal finir!» Des ports gascons aux criques bigoudènes, de Saint-Jean-de-Luz à la Cornouaille anglaise, la pleine intégration de la flottille espagnole à l'Europe bleue, le 1er janvier dernier, n'en finit pas de susciter des propos souvent outranciers dans les «Bars de la marine» qui balisent les côtes.
Depuis une semaine, 650 bateaux espagnols ont officiellement l'autorisation de chaluter en Atlantique, Manche et mer du Nord. L'Espagne a pesé de tout son poids, lors des négociations de décembre 1994, pour avancer la date de son entrée pleine et entière dans l'Union européenne de la mer, initialement prévue pour 2002. A l'époque, Madrid avait menacé de ne pas ratifier l'adhésion à l'Union de trois nouveaux partenaires (Suède, Finlande et Autriche) si 1996 n'était pas retenue.
Les craintes des pêcheurs français qui tous les ans ont maille à partir avec des homologues ibériques fort peu respectueux des règlements en vigueur dans les eaux nationales reposent en fait sur le refus d'une conquista des mers communautaires.
L'Espagne, bien qu'entourée d'eaux peu poissonneuses, est un fantastique marché poissonnier de près de 850.000 tonnes par an où la culture du tapas (amuse-gueules) de la mer et du lenguado grillé (sole) nécessite une flotte conséquente.
Le pays représente un tiers du tonnage de l'armada européenne avec 19.000 navires aux activités internationales. 500 ch