Loïk Le Floch-Prigent est un homme de sang froid, l'adversité le
détourne rarement de ses objectifs. A l'heure où les suites de «l'affaire Bidermann» éclabousse l'ancien PDG d'Elf-Aquitaine et de Gaz de France, celui-ci annonce sa prise de pouvoir massive à la SNCF. Intronisé il y a tout juste trois semaines à la tête de la maison ferroviaire, le successeur de Jean Bergougnoux entend profiter de l'autonomie de gestion qui lui a été assurée par le Premier Ministre lors de sa nomination, pour réformer de fond en comble les structures dirigeantes et concentrer le pouvoir entre ses mains.
Dans cet univers dominé par l'esprit de corps et trusté par les polytechniciens des Ponts et Chaussées, le bouleversement et l'écrasement des hiérarchies traditionnelles tel qu'il a été présenté, sera très probablement vécu comme une révolution intérieure. «Lorsque Bernard Pons, le ministre des Transports, m'a appelé pour remplacer Jean Bergougnoux, je lui ai expliqué que je pourrais accepter la fonction à la condition de choisir mes propres collaborateurs, explique aujourd'hui Loïk Le Floch-Prigent. Mais j'ai tenu à rappeler qu'Edouard Balladur et Philippe Jaffré, l'actuel président d'Elf-Aquitaine me cherchaient des noises. Alain Juppé lui-même m'a rappelé pour me dire qu'il était parfaitement conscient de cette situation et qu'en outre il me donnait carte blanche.»
La SNCF n'est pas le seul groupe public à vivre un tel renforcement des attributions de son président. Edmond Alphandéry, à la têt