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Libération

Veaux hormonés, go home! L'Europe craint l'arrivée de viandes américaines traitées.

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publié le 18 janvier 1996 à 23h48

Le professeur Geneviève Meurgues est dans tous ses états. «J'en veux

pas à la vache, pauvre petite bête, clame la directrice adjointe du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Mais ça amène des parasites dans la galerie et c'est mauvais pour les os. Moi, je suis payée pour protéger la collection, je suis en faute professionnelle!» Indifférentes à l'émoi qu'elles provoquent, Gertrude et sa fille Laurette, deux superbes représentantes de la race charolaise, paradent sous les vertèbres d'une baleine australienne. A peine ont-elles le temps de lâcher une belle bouse bien grasse qu'elles sont exfiltrées en douceur pour un retour vers leur Sarthe natale.

En introduisant à l'improviste leurs bovins dans la grande galerie de l'Evolution du Muséum, une quarantaine de militants de la Confédération paysanne (CP, syndicat agricole qui revendique 35.000 adhérents) protestaient hier contre les risques d'un retour des hormones dans l'élevage des bêtes à viande. «Ni les consommateurs ni les éleveurs européens n'ont besoin de cette viande, estime François Dufour, responsable de la Confédération paysanne. Seuls les entreprises pharmaceutiques et les industriels agroalimentaires en profiteraient.»

La campagne de la CP intervient au moment où les Etats-Unis ont porté l'interdiction européenne des viandes aux hormones devant les instances de conflit de l'Organisation mondiale du commerce (OMC, ex-Gatt). L'Union européenne a en effet interdit, depuis 1988 et jusqu'en 1999, tout recours aux activateur