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Libération
Interview

Le fondamentaliste: bientôt le coup de fouet. Philippe Leroy, ancien directeur général de la Chase Manhattan Bank, à Paris.

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publié le 25 janvier 1996 à 23h31

Comment ira la France en 1996?

Le premier semestre sera marqué par le consensus autour de la baisse des taux d'intérêt, la seule façon de relancer l'investissement et la consommation. La détente monétaire offrant un crédit bon marché compensera alors la baisse du pouvoir d'achat provoquée par la hausse des prélèvements obligatoires. Mais la Banque de France devra aller plus vite que la Bundesbank, afin de combler son écart de taux d'intérêt. L'écart actuel (1,5%) n'a aucun fondement dans l'économie réelle ­il est «hors marché»: prétendre que la monnaie est forte alors qu'on paie une telle prime de risque... Quand l'écart franco-allemand sera revenu à 0,25-0,50%, avec une parité stable, on pourra dire que le franc est réellement vertueux.

C'est encore la Bundesbank qui donnera le tempo?

L'Allemagne vit aujourd'hui le contrecoup d'une politique monétaire beaucoup trop rigoureuse. Dans un monde où il devient impossible d'avoir de l'inflation, la Bundesbank n'aurait rien à redouter à baisser ses taux directeurs d'au moins 0,75%. C'est la seule vraie marge de manoeuvre: contrairement à ce qu'on pense, l'Allemagne n'est pas du tout cette puissance bismarkienne sûre d'elle-même. Elle doute de ses produits 40% plus chers qu'à l'étranger, de ses 10% de chômeurs, et observe que la croissance américaine crée beaucoup plus d'emplois.

Va-t-on vers des taux réels nuls?

Non. Les taux nominaux français peuvent encore baisser d'un peu moins de 1%. Pour raisonner en termes réels, tout dépend du n