Nantes, correspondance
La hache de guerre sociale est déterrée. Dressant la liste des précautions à prendre en cas de grève, les directives confidentielles adressées le 9 janvier aux chefs d'établissement par la direction générale d'EDF en témoignent. Ce véritable vade-mecum du parfait antigréviste en 213 points a été intercepté par les salariés CGT de la centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique). Le style en est télégraphique, le langage direct, sans ces euphémismes aux angles soigneusement arrondis propres aux directions des ressources humaines. Manuel en sept feuillets expédiés par fax, ce document fixe l'attitude que les dirigeants locaux devront adopter lors de tout conflit futur.
En préambule, le rapport interne donne sa propre définition de la grève: «Interruptions totales, collectives et concertées du travail liées à une revendication professionnelle». «Sinon, (c'est une)rupture du contrat de travail du salarié, et sanctionnable.» La rubrique des «réflexes permanents» est clairement belliqueuse: «Penser que c'est un état de guerre, donc pas de confiance dans les adversaires. Eviter la contagion générale et/ou externe. Avoir sur le terrain des GR (gestions des ressources, ndlr) et secrétariat, en point d'appui. (...) Ne jamais oublier la com' (qui est d'avantage affective qu'intellectuelle) car la com' prend rapidement le pas sur les faits!!!» Puis les «principes» enjoignent aux chefs d'établissement de «ne jamais être seul s'il y a des risques de menaces, av