Une main s'est levée. «Qu'est-ce qu'on fait de notre vieille carte?»
Quelques secondes d'hésitation, et puis très vite la réponse: «Ce que tu veux. De toute façon, cela n'a plus beaucoup d'importance...» Vendredi, dans la maison des syndicats de Créteil, les cheminots CFDT de Paris Sud-Est réunis en «congrès extraordinaire» ont choisi, en bloc, de rompre avec leur confédération. Ils créent le syndicat SUD-Rail (Solidaires, unitaires, démocratiques), sur le modèle de SUD-PTT, issu lui-même d'une scission de la CFDT en 1988. Après deux heures de débat, un vote a enlevé la décision. Sur 141 mandats (chacun représentant 5 adhérents), 128 se sont exprimés: 120 en faveur de la désaffiliation, et seulement 6 pour rester au sein de la CFDT, plus deux abstentions. Dans la foulée, un autre vote, tout aussi majoritaire, a entériné les nouveaux statuts de SUD «travailleurs du rail de Paris Sud-Est». En attendant, espèrent ces cheminots, d'être rejoints par d'autres régions, pour pouvoir créer une fédération nationale SUD-SNCF. Début février, des congrès extraordinaires sont prévus à Rouen et Strasbourg. Le 8, ce sera au tour de Paris Saint-Lazare, qui ne fait pas mystère de son penchant sécessionniste.
Hier, c'est donc le plus gros bastion CFDT-cheminots de la région parisienne qui a rompu les ponts . Les premiers, aussi. Depuis le mouvement de décembre, les rancoeurs accumulées à l'égard de Nicole Notat, accusée de complaisance vis-à-vis du plan Juppé et de «trahison» envers les grévis