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Libération
Reportage

Le blues du col blanc de retour à l'usine. L'aciérie Sollac offre à ses employés de bureau de se reconvertir dans les ateliers.

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publié le 30 janvier 1996 à 23h19

Florange, envoyée spéciale

Ils ont coiffé le casque de chantier, remonté le col de leur blouson. Puis ils sont partis visiter en groupe les ateliers APE (aciers pour emballages). Le trajet entre les «grands bureaux», comme on dit à Florange (Moselle) pour désigner le siège de Sollac, et les grandes halles grises de l'usine se fait en voiture. Les visiteurs, François, Marc, Jean-Luc, Bernard, Jean-Marc et Serge, ont entre 40 et 50 ans. Ils sont technicien en recherche, animateur en formation, responsable de commandes, employés aux études ou bien à la qualité. Salariés de la sidérurgie depuis des années, chez Sollac, côté «grands bureaux». Jusqu'ici, du moins. Le groupe entame la «phase 1» d'un programme de reconversion interne. Dans quelques jours, quelques semaines, ils passeront côté usine. Cols blancs, ils deviendront cols bleus. Cette visite initiatique, accompagnée d'un responsable en ressources humaines et d'un psychologue du travail, n'a d'autre but que de leur faire découvrir un monde qu'ils ne connaissent pas, ou si peu. Pour endosser le bleu de travail, il leur faudra quinze jours de formation et d'entretien; un mois de terrain, puis à nouveau huit jours de formation. Le groupe démarre la première étape.

Chez Sollac, 10.850 salariés en 1986, 4.483 aujourd'hui, les plans sociaux n'ont cessé de se succéder, particulièrement dévastateurs chez les ouvriers. Mais tout ça est terminé. Il n'y aura pas de nouvelles charrettes cette année: le groupe l'a promis. D'ailleurs, i