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Libération

La querelle Juppé-Gandois monte d'un cran . Après la baisse des charges, Matignon réclame des embauches aux patrons.

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publié le 3 février 1996 à 1h57

On croyait la dispute terminée. Et voilà qu'Alain Juppé en remet une

louche samedi matin dans la presse régionale: «En tout cas, je l'ai dit à mes interlocuteurs patronaux, il n'y aura pas de nouvel allègement de charges s'il n'y a pas des engagements contractuels en contrepartie, et notamment des engagements d'insertion des jeunes.» En clair, le prochain patron qui se rendra dans le bureau du Premier ministre afin d'y réclamer une baisse des charges devra s'engager par écrit, en échange, sur un certain nombre d'embauches.

Car Alain Juppé ne supporte plus d'accorder des milliards de francs aux entreprises (50 milliards de baisses de charges au total depuis son arrivée à Matignon) et de constater que, en dépit de ces efforts, le chômage continue d'augmenter. La théorie du «donnant-donnant», inventée sous la gauche mais jamais mise en oeuvre, est en passe d'entrer en application sous la droite.

L'interview du Premier ministre dans la presse régionale ne manquera pas de raviver le conflit en cours avec le CNPF. Pourtant, vendredi, tout le monde semblait vouloir calmer le jeu. Y compris Juppé, qui, de Bordeaux, affirmait qu'«il n'y a pas de conflit» entre le patronat et le gouvernement, mais seulement «des phrases qui dépassent sans doute la pensée de leurs auteurs». «Il y a ici ou là des petites phrases auxquelles, il ne faut pas attacher davantage d'importance qu'elles n'en ont», poursuivait-il.

Pour comprendre ce tête-à-queue du chef du gouvernement, qui joue l'apaisement un jour