Il y a un an, Jacques Chirac, candidat à la présidentielle, lançait
dans son discours dit «de la Porte de Versailles», une petite phrase restée célèbre: «La feuille de paie n'est pas l'ennemie de l'emploi.» Douze mois et une élection plus tard, la formule trotte encore dans toutes les têtes. Sauf, semble-t-il, dans celle du Premier ministre Alain Juppé. Le débat a ressurgi cette semaine, alors que s'engagent les négociations salariales chez Renault et à la SNCF. L'idée étant qu'une hausse audacieuse des rémunérations pourrait stimuler la consommation, donc la croissance, donc l'emploi. Les socialistes en ont fait leur cheval de bataille. Mais ils sont rejoints sur ce terrain par des balladuriens bon teint comme Nicolas Sarkozy ou Bernard Bosson, des proches de Charles Pasqua comme Alain Marsaud, ou le président du groupe UDF à l'Assemblée, Gilles de Robien, et le député PR Jean-Pierre Thomas...
Cette offensive est-elle légitime? Hier, en présentant les prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qu'il préside, Jean-Paul Fitoussi a donné du grain à moudre aux partisans de cette relance salariale. «On ne peut pas pousser l'activité par le levier de la dépense publique, estime-t-il. Il reste à essayer une augmentation des salaires dans le privé et, à partir de 1997, dans la fonction publique.» Dans ses prévisions pour 1996, l'OFCE juge que le déséquilibre entre des profits qui augmentent et des salaires sous pression «bride la croissance à moyen ter