Le Guilvinec, envoyé spécial
Le Kelou ar Moor bringuebale son imposante coque plastique au gré du clapot. Amarré à un chalutier rouillé, le bateau de pêche attend sa prochaine destruction sur le «quai de l'Oubli», comme on le surnomme ironiquement dans le port du Guilvinec (Finistère). «Mais ils ne savent pas comment s'y prendre: si on le brûle, ça pollue; si on le coule, il refait surface!», se moque Michel Brellivet en remontant la cale qui longe la criée. Le patron du Quatre Vents Atao égrène au passage la liste des bateaux prochainement voués à la casse ou à la vente forcée.
Un an après son lancement, le plan Puech (du nom de l'ex-ministre de la Pêche) de désendettement de la flotille artisanale arrive à son terme. Le dispositif prévoit notamment le retrait de la flotte des bateaux jugés économiquement «non viables» par le Comité interministériel de restructuration de la pêche artisanale (Cirpa), et des aides financières pour remettre à flot les embarcations mal gérées. Les propriétaires des 370 navires de 12 à 25 mètres (sur les 1.638 de la flotte française) qui connaissent des difficultés financières sont déja presque tous fixés sur leur sort. Quelque 120 artisans pêcheurs raccrocheront leurs chaluts dès le printemps. Entre Loctudy et Saint-Guénolé-Penmarc'h, le pays bigouden va payer le plus lourd tribut à la restructuration: une soixantaine de bateaux doivent changer de main ou être livrés au bulldozer et au chalumeau.
Avec ses 2 millions de francs de dettes, Michel Bre