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Libération

Les éleveurs corses fâchent Bruxelles. Selon nos informations, la Commission a décidé de geler deux primes.

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publié le 15 février 1996 à 1h17

Le robinet des subventions européennes pour la Corse vient de se

refermer pour la seconde fois. Selon nos informations, la Commission de Bruxelles a décidé de «cesser tout financement communautaire relatif aux paiements de l'indemnité spéciale montagne (ISM) et de la prime à la vache allaitante (PVA)» en Haute-Corse. Elle a aussi décidé de «ne donner aucune suite aux propositions de programme agro-environnemental concernant la Haute-Corse». Au total, ce sont plusieurs dizaines de millions de francs qui se retrouvent bloqués.

Cette rétorsion n'a rien d'un mouvement d'humeur. Il y a des mois que Bruxelles demande à l'Etat français de remettre de l'ordre dans le dossier des primes destinées aux éleveurs de l'île. Une inspection du Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (Feoga) réalisée en septembre 1994 avait révélé des fraudes systématiques et organisées selon deux grandes filières. La première vise à empocher l'ISM, pour laquelle 1.200 demandes avaient été enregistrées en 1993. Il suffit, par exemple, de domicilier le troupeau installé en plaine sur une commune classée en zone de montagne. Certains bénéficiaires étaient même domiciliés en région parisienne, tandis que, dans d'autres dossiers, l'existence du cheptel n'a pu être prouvée.

La seconde magouille, très développée, permet de multiplier les gains liés à la prime à la vache allaitante, limitée à 50 bêtes maximum par troupeau. Les possesseurs de plusieurs centaines de têtes ont alors divisé leur cheptel en un