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Libération

Le patron européen cultive sa différence. Qu'il soit britannique, allemand ou français, son cursus reste ancré dans la tradition.

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publié le 23 février 1996 à 0h54

Qu'est-ce qui distingue un PDG français d'un patron allemand ou

britannique? Le Marché commun, la mondialisation des échanges gomment-ils les différences pour produire des dirigeants issus du même moule?

Pas du tout. Rien ne change. Pour se hisser dans le fauteuil du PDG, selon que l'on est français, allemand ou britannique, il vaut mieux être passé par la case ENA, avoir fait ses classes dans l'entreprise ou fréquenté une business school. A moins d'être le patron d'une filiale étrangère; dans ce cas précis, il n'y a plus de règles. Mais pour ce qui est des maisons mères, la reproduction des élites n'a pas varié d'un iota. C'est tellement vrai que, pour le cas de la France, de 1985 à nos jours, malgré trois alternances et de nombreuses privatisations, ce sont toujours les mêmes profils qui ressortent.

Telle est en tous cas la conclusion de la nouvelle étude baptisée Vers un modèle européen de dirigeants? (1) des ethnologues du patronat, Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot. Après avoir disséqué à volonté les élites françaises (2), les deux chercheurs du CNRS ont cette fois planché sur la carrière des numéros un des 200 plus grandes entreprises de chaque pays. Ils sont formels: les capitaines européens de l'industrie moderne (de la banque ou des services) s'assemblent mais ne se ressemblent pas. Sauf sur trois points: ils sont machos (si vous êtes une femme, passez votre chemin, vous n'existez absolument pas dans le cénacle des grands patrons); ils ont le même âge (56, 58 an