Johannesburg,
de notre correspondant «L'essentiel, pour nous, c'est que le marché mondial du diamant soit contrôlé», déclarait peu avant de s'envoler pour Moscou en décembre un directeur de De Beers, la compagnie sud-africaine qui détient le monopole mondial des ventes de pierres précieuses. Après d'âpres négociations, entourées du plus grand secret, de multiples allers-retours entre Moscou et Johannesbourg, les deux parties ont finalement signé la semaine dernière un accord de principe qui, pour être vague, n'en sauve pas moins le marché du chaos.
En vertu de cet accord, De Beers conserve l'exclusivité des ventes de diamants russes, qui représentent 25% du marché mondial. Les Russes, de leur côté, sont parvenus à arracher une importante concession: ils seront autorisés à vendre 25% de leur production hors du cartel, bien plus que les maigres 5% alloués par un précédent accord, échu à la fin de l'année dernière. Les deux parties se reverront pour affiner les détails, mais la signature de ce protocole par le ministre russe des Finances, Vladimir Panskov, «nous donne une garantie exceptionnelle», a commenté la peu loquace De Beers.
Du coup, l'action De Beers a bondi de joie à la Bourse de Johannesburg, franchissant un cap historique. C'est que la bonne santé du groupe, qui pèse plus de 21 milliards de dollars (105 milliards de francs), dépendait largement d'une entente avec les Russes. Dans son rapport au Conseil d'administration présenté en mars 1995, le PDG de De Beers, Julian