Fokker, le doyen de l'aéronautique européenne, a été mis en faillite
vendredi. En cessation de paiements depuis le 23 janvier, l'entreprise néerlendaise a sombré corps et biens, aucun des repreneurs potentiels ne s'étant décidé à investir dans l'affaire. 5.664 salariés recevront donc leur lettre de licenciement samedi matin, a annoncé d'une voix cassée le PDG Ben Van Schaik au cours d'une conférence de presse. C'est l'un des plus gros licenciements collectifs pour les Pays-Bas depuis la Libération. Et la fin de l'aventure pour ce spécialiste des petit et moyen-courriers.
Seules rescapées de ce naufrage: les filiales espace et militaire, l'unité de composants électroniques, et celle de maintenance des avions. En France, Air Inter Europe a ainsi prévu de louer cinq Fokker 100 jusqu'en 1998, le temps de constituer sa flotte d'Airbus 319. La nouvelle entité s'appellera Fokker Aviation et récupérera 2.000 salariés. Les autres ne reprendront plus le travail.
Dès vendredi, l'«exode» a commencé sur les différents sites de Fokker, sous l'oeil des gardes de sécurité qui contrôlaient les sorties des employés en pleurs. Il faut plier bagage, rendre les clés. «Quel fiasco!», déclare, indigné, Peter Van Bers, du syndicat FNV, à l'AFP. «On ne construira plus jamais d'avions aux Pays-Bas.» En Irlande du Nord, 700 salariés de Shorts, un gros fournisseur de Fokker, ont dû rentrer chez eux. 600 en Allemagne pourraient aussi être menacés. La nouvelle n'est pourtant pas une surprise. Depuis sept s