Du jamais vu dans cette usine ultramoderne d'Akaï, implantée sur les
hauteurs de Honfleur (Calvados): les quelque 200 ouvrières d'une ligne ont cessé, la semaine dernière, d'implanter les composants ou de régler les magnétoscopes, et leur débrayage a été suivi par la majorité des salariés. C'est la première fois que cette usine qui vivait au rythme japonais des cercles de qualité, des scores affichés sur grand écran et de la compétitivité, se mobilise tout entière. Après une première vague de 155 licenciements sur un effectif de 650, fin 1994, les 483 salariés restants, essentiellement des femmes, s'inquiètent des rumeurs qui courent depuis plusieurs mois: 180 emplois seraient menacés par un nouveau plan social.
L'entreprise fleuron de l'industrie électronique japonaise et premier employeur local, Akaï Electric France, délocalise sa production de magnétoscopes et de téléviseurs vers la Malaisie, la Thaïlande et la Grande-Bretagne. «Cette usine était une belle aventure qu'il n'est plus possible de poursuivre», résume Franck Barneville, nommé directeur général de l'usine, il y a une semaine.
L'aventure avait commencé en 1982, entre les pommiers et le bassin de Honfleur: le groupe japonais lorgne sur l'Europe pour y conforter sa position de leader de la hi-fi, quand le protectionnisme français impose un embargo sur tous les matériels estampillés Soleil-Levant. Le Calvados fait les yeux doux au fabricant japonais et, à coups de primes et de subventions des pouvoirs publics, Akaï El