Après s'être donnée à Clinton pour clore, croyait-on, les années
Reagan, l'Amérique changeait de cap deux ans plus tard en élisant une chambre bleu horizon dont le «contrat avec l'Amérique» était plus libéral que celui offert par Reagan lui-même.
Aujourd'hui, après avoir fait miroiter la candidature extrémiste de Pat Buchanan, l'Amérique se prépare à un duel Dole-Clinton qui tournerait, selon les sondages actuels, à l'avantage de Clinton. Quelle que soit l'issue finale de cette élection, émerge irrésistiblement l'idée que les Américains ne veulent tout simplement pas être gouvernés. Ils nomment un Congrès qui paralyse le pouvoir d'un Président fraîchement élu et se préparent à élire un nouveau Président qu'en tout état de cause, semble-t-il, ils n'aimeront pas.
La société américaine est pourtant malade, malade des inégalités qu'elle a laissé se creuser au cours des vingt dernières années. Quelques chiffres extravagants pour un Européen permettront immédiatement de saisir l'ampleur du phénomène à l'oeuvre. En dépit d'une augmentation de près d'un tiers des richesses produites entre 1973 et 1993, seulement 20% de la population a au total bénéficié de cet enrichissement, tandis que le reste de la population s'appauvrissait! Autre chiffre ahurissant: les deux tiers de cet enrichissement ont été en fait captés par 1% de la population totale! Et pendant ce temps, le salaire des jeunes Noirs était réduit de moitié... A l'inverse, le salaire des PDG passait de 30 à 150 fois le salair