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Libération

L'industrie américaine du tabac attaquée tous azimuts. La dernière en date, la manipulation de la dépendance.

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publié le 19 mars 1996 à 2h35

New York,

de notre correspondant La nicotine crée chez les fumeurs une accoutumance qui les rend accros au tabac et fonctionne donc comme le meilleur des outils de marketing à la disposition des fabricants de cigarettes. En manipulant artificiellement le niveau de nicotine contenu dans leurs produits afin d'accroître ce niveau de dépendance, ceux-ci en ont fait, en totale connaissance de cause, un usage constant depuis des décennies. Cette manipulation visait en particulier à agir sur les effets physiologiques produits au niveau du cerveau par l'inhalation de la fumée. Ces affirmations constituent le coeur de l'accablant témoignage sous serment de 24 pages de Ian Uydess, un ancien responsable scientifique de Philip Morris, rendu public hier par la Food and Drug Administration américaine (FDA), autorité de tutelle de l'industrie pharmaceutique et alimentaire américaine.

Cette révélation constitue une nouvelle bombe pour les industriels du tabac. Ceux-ci n'ont, en effet, de cesse depuis des années de nier avoir sciemment fait usage de la dépendance à l'égard de la nicotine. Tous les grands patrons du secteur convoqués il y a deux ans par une commission du Congrès avaient même déclaré tout ignorer: à l'époque, la FDA avait envisagé de s'appuyer sur cette pratique pour déclarer la cigarette comme une drogue et donc en contrôler très sévèrement la circulation, voire l'interdire.

La question du libre arbitre des fumeurs est au coeur d'une série de procès en cours aux Etats-Unis, et e