«Gauchistes, archaïques, rétrogrades: dès qu'on gêne, on nous colle
à chaque fois les mêmes étiquettes.» Mairie de Montpellier, deuxième sous-sol, Catherine Crespy sourit. Les bureaux du syndicat CFDT «interco» (intercommunaux) dont elle est la secrétaire affichent la couleur sur les murs: «Notat démission!» Tous ensemble, l''organe des «opposants» à Notat, lancé le 1er février (vendu à 70.000 exemplaires, selon ses fondateurs), est à la disposition des visiteurs. La position des militants des différentes branches qui se réunissent ici (Poste, finances, métallurgie ou cheminots) est sans ambiguïté.
Tous ces contestataires ne sont pas nés pendant la crise de décembre. Ici s'est tenu, en 1995, un congrès national déjà difficile pour la secrétaire générale. Puis il y a eu leur combat contre le bureau confédéral, «ce verrou infernal» qui a pris pour ligne le «syndicalisme de collaboration» en «soutenant» la loi quinquennale sur l'emploi du gouvernement Balladur. Mais c'est le mouvement de décembre 1995 qui a véritablement secoué les militants. «Le plan Juppé a ouvert une crise profonde», affirme Alain Bozza, employé dans un centre privé de réinsertion sociale. Depuis les grèves, certains ont basculé dans le camp des opposants, contre leur propre fédération, à l'image du syndicat CFDT des postes. «Pour nous, l'électrochoc s'est produit pendant l'émission la Marche du siècle. C'est la suffisance avec laquelle s'est exprimée Nicole Notat qui nous a heurtés. Nous n'étions pas contre