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Libération

Un franchisé Benetton demande réparation pour les pubs chocs

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publié le 19 mars 1996 à 2h35

Le regard des juges du tribunal de commerce de Dunkerque était pour

le moins dubitatif, après l'audience, hier, qui opposait la marque italienne Benetton à l'un de ses magasins franchisés à Dunkerque. Au centre du différend, les campagnes de publicité d'Oliviero Toscani. Selon Eric Glucksmann, directeur des magasins Prototype, les affiches délibérément «provocatrices et choquantes» de Benetton ont créé un tel émoi parmi sa clientèle que son commerce du centre-ville de Dunkerque a perdu 40% de son chiffre d'affaires depuis 1993. Selon son avocat, ce serait l'affiche représentant un malade du sida qui aurait provoqué le plus grand choc parmi les clients. «Jusqu'ici, Benetton a réussi à passer à travers les mailles du filet, mais on ne peut continuer à ignorer que 50% de ses points de vente ont disparu depuis 1992 et cela est à mettre directement en parallèle avec les affiches publicitaires», a-t-il déclaré au cours de l'audience. Les dommages et intérêts que le commerçant réclame à Benetton s'élèvent à quelque 1,5 million de francs, qui se partagent entre la perte financière subie depuis 1992 et la dépréciation de la valeur du bail de son commerce. Le défenseur de la marque italienne a tenté de récuser la compétence des juges: «La seule faute qui pourrait être mise en avant serait une faute de goût et je pense que ni vous ni moi ne sommes compétents pour juger de cela.» «C'est un jugement de censure que l'on veut vous faire rendre», a-t-il assené au magistrat, tout en précisant