Chaque éleveur, chaque député, chaque fonctionnaire britannique le répète à satiété, depuis maintenant une semaine. «Il n'y a pas que la Grande-Bretagne à être touchée par la maladie de la vache folle. La France l'est également, bien plus qu'elle ne l'avoue.» Le président de la commission agriculture de la Chambre des communes, Paul Marland, l'a même répété à plusieurs reprises, sur différentes chaînes de télévision britanniques. «Les Français ont importé de grosses quantités de nos protéines animales, affirmait-il hier à Libération. Vos animaux sont aussi contaminés. Mais votre gouvernement étouffe l'affaire.»
La riposte anglaise semble un peu convenue («c'est c'lui qui dit qui y est»). Mais, de fait, le boeuf tricolore n'est nullement exempt de risques. Il y a bien eu exportation de ces protéines anglaises vers la France, jusqu'en 1989. Selon le ministère de l'Agriculture français, quelque 15.000 tonnes de farine de sang, farine d'os et autres poudres animales ont été importées du Royaume-Uni entre 1987 et 1989. Une bonne partie de ces substances, produites par l'industrie de l'équarrissage, devait être issue de moutons britanniques atteints de la «tremblante». Et, mêlée à des rations alimentaires pour bovins, ces exportations ont donc dû contaminer partiellement le cheptel français.
Ces importations sont restées limitées, quantitativement: 15.000 tonnes venant d'Angleterre, sur une production française estimée à 600.000 tonnes, sur la même période. Limitées dans le temps, é