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Libération

Laos, un barrage contre la polémique.La Banque mondiale hésite à cautionner un projet de 6 milliards de francs.

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publié le 10 avril 1996 à 4h25

Vientiane, envoyé spécial

Le barrage de Nam Theun 2 n'est encore qu'un projet, mais il suscite déjà une vive polémique au Laos. Pour les uns, sa réalisation fera décoller l'économie laotienne: l'exportation de l'électricité produite par ce super barrage de 681 mégawatts vers son voisin thaïlandais deviendra la première source de devises étrangères. Pour les autres, Nam Theun 2, dont le coût est estimé à 1,2 milliard de dollars (6 milliards de francs), fera du Laos un pays surendetté. En outre, le projet, qui prévoit l'inondation de 447 kilomètres carrés de forêt vierge, déclenche de nombreuses controverses quant à son impact sur l'écologie.

L'année dernière, le Laos a signé un accord avec la Thaïlande où il s'engage à fournir à la compagnie d'électricité de Thaïlande, l'Egat, 1.500 mégawatts annuels à partir de l'an 2000. Dans cette optique, Vientiane a lancé 23 projets de barrages, dont le plus important est le Nam Theun 2. Un consortium international ­ formé d'Electricité de France (30%), de l'australien Transfield (10%), d'Electricité du Laos (25%) et de trois sociétés privées thaïlandaises (35%) ­ est chargé de l'exploitation (sur vingt-cinq ans) de ce super barrage, qui sera bâti sur le fleuve Theun, sur le haut plateau de Nakai, à 400 kilomètres au sud-est de Vientiane.

Le consortium investira, comme fonds propres, 300 millions de dollars, le reste devant être financé par un groupement de banques thaïlandaises et européennes ­ dont la Société générale, la britannique Barc