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Libération
Reportage

Pas facile de mettre les yaourts bulgares au goût Danone. Depuis 1993, le groupe français modernise la chaîne de production, mais se heurte à l'Etat alors qu'il souhaite encore investir.

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publié le 16 avril 1996 à 4h06

Sofia, envoyée spéciale

De longues barres d'immeubles de béton crasseux dominent l'endroit. Le linge sèche aux balcons sous le timide soleil de ce printemps tardif. En plein coeur de Sofia, à un kilomètre du centre historique, ce no man's land a des airs de friche industrielle. D'immenses hangars lépreux s'étirent à perte de vue. Dans la cour, des taches blanches semblent incongrues. Ce sont les camions de Danone, flambant neufs. A la faveur du programme de privatisation, la multinationale française a eu la drôle d'idée en 1993 de venir apprendre aux Bulgares à faire des yaourts. Un pari gonflé, comme si un étranger allait apprendre aux Normands à mouler le camembert. Le yaourt est l'aliment de base du Bulgare, premier consommateur mondial, qui l'aime aussi ferme qu'acide.

Danone s'est donc associé à Serdika Sofia, la firme d'Etat qui assurait ici, jusqu'en 1989, à la chute du tyran communiste Todor Jivkov, le monopole de l'approvisionnement de la capitale en lait, yaourts, fromages et crèmes glacées. L'investissement d'une cinquantaine de millions de francs pour 53% du capital est soutenu par la Berd qui a mis 7,5 millions de francs dans le joint-venture de yaourts. Elle en est le troisième actionnaire, mais pas le moins fier. En Bulgarie, Danone est le deuxième investisseur étranger dans le domaine agroalimentaire. Et le premier projet privé auquel participe l'institution londonienne.

Les «Khmers bleus» de la privatisation. En deux ans, le groupe français a réussi à doubler