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Libération
Enquête

Pauvres comme les petits jobsLe chômage baisse et le pouvoir d'achat des travailleurs précaires avec.

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publié le 25 mai 1996 à 5h08

New York, de notre correspondant

«Les clients sont souvent désagréables et le travail est dur. Mais je veux travailler et je suis prête à des sacrifices. Mon problème numéro un, c'est le salaire: c'est vraiment trop mal payé! Mais à la sortie du lycée, c'était le maximum que je pouvais trouver.» Florcye a 18 ans et travaille depuis huit mois comme caissière dans un supermarché de Manhattan. Elle est payée 4,65 dollars (environ 24 francs) de l'heure. Ses premières quarante minutes de travail quotidiennes sont donc consacrées au paiement de ses deux token (jetons de métro) pour Brooklyn ­ 3 dollars aller-retour ­ où elle habite avec son père, un employé de bureau originaire de Haïti. «Aujourd'hui, calcule-t-elle, le reste de la journée aura été, pour l'essentiel, consacré au paiement de ma participation à la facture de téléphone à la maison: 25 dollars, soit plus de cinq heures de travail.» Pas facile, à ce rythme, de remplir le compte d'épargne qu'elle a ouvert en décembre dernier et où elle espère accumuler 2.000 dollars pour payer les frais de son inscription prochaine dans une école médicale: elle veut devenir infirmière et rêve d'être médecin.

Florcye, ses collègues du supermarché et les 12 millions d'Américains payés moins de 5,15 dollars de l'heure ­ soit environ 3.500 francs par mois en moyenne ­ sont au coeur du débat qui pendant des mois a divisé les démocrates et les républicains au Congrès. Leur sort soulève, en effet, une question centrale pour l'économie américain