La réforme du statut de France Télécom, examinée par le Sénat lundi
prochain, oblige la direction de l'établissement public à noircir son bilan. A partir du 1er janvier 1997, la nouvelle loi fera en effet de l'opérateur public une société anonyme détenue à 51% par l'Etat et cotée en bourse. Michel Bon concentre donc les mauvaises nouvelles sur le dernier exercice à 100% public, celui de 1996, pour mieux séduire les actionnaires de la future société privatisée.
Première décision: le bilan 1996 sera alourdi par une provision de 20 milliards de francs. Il s'agit de provisionner le cadeau achetant la paix sociale, qui a permis à la réforme de passer sans émeute: Michel Bon a annoncé le départ en préretraite à 55 ans des fonctionnaires de France Télécom, une première dans la fonction publique. 40.000 suppressions de postes sur 155.000 salariés sont ainsi programmées d'ici à l'an 2002.
Deuxième décision: le bilan 1996 sera plombé par la dépréciation des actifs immobiliers de France Télécom. Le parc immobilier avait été évalué en 1990 à 230 milliards, lors du passage du statut d'administration à celui d'établissement public. A l'époque, le marché immobilier commençait déjà à piquer du nez. Michel Bon estime pourtant qu'il lui faut déprécier l'actif de 10% dès 1996, révèle le Nouvel Observateur. Plutôt que de refaire le bilan, il préférerait passer cette dépréciation en perte. Résultat: France Télécom, l'opérateur le plus rentable en Europe avec plus de 9 milliards de bénéfice en 1995