«On n’y croyait pas. Les rumeurs couraient bien depuis quelques mois, mais on n’y croyait pas.» Monique a vingt-sept ans d’ancienneté sur les lignes de montage et convoyage de batteurs, cafetières et autres hachoirs. Cet agent de production, déléguée du personnel, a écouté avec une quarantaine d’autres salariés des onze sites de production du groupe, Pierre Blayau, PDG de Moulinex, exposer son projet de restructuration. Un comité central d’entreprise qui a duré près de quatre heures, hier matin, à Caen. Bilan: fermeture de deux sites, suppression de 2.600 emplois. «Je ne sais pas encore ce que l’on va faire. Il faut d’abord informer le personnel.» Monique reconnaît que tout le monde avait été inquiété, il y a six mois, par le départ de deux lignes de production automatiques flambant neuves de l’usine de Mamers pour d’autres sites. Mais l’efficacité de la formation d’équipes en 2X8 pour le montage, et en 3x8 pour les moteurs, avait par la suite rassuré les quelque 400 salariés. La surprise est donc totale. «On a un sentiment d’impuissance.»
Sylvie et Annie, syndiquées CGT, depuis douze ans sur les lignes de montage de friteuses de l'usine de Bayeux (237 salariés) s'attendaient à «beaucoup moins»: «On n'est pas touchés dans notre usine puisqu'on récupère des lignes d'Argentan, mais la menace plane sur nous aussi.» Sylvie se souvient bien du dernier conflit de juin 1995, qui avait opposé les salariés de Bayeux à la direction. Il y avait eu onze jours de grève mais leurs revendic